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Le Voyage en Chine

Au début des années 1980, Marcelin Pleynet évoque son voyage en Chine (1974), au micro de France Culture.
A écouter sur le site Pileface.

Chantier de la parole

Lecture par Marcelin Pleynet de son texte Chantier de la parole (L'Infini, n°83, printemps 2003), le 14 novembre 2002 au Centre Georges-Pompidou (lecture diffusée le 29 novembre 2002 sur France Culture).




Écrire



8 septembre 1980 - le pont Mirabeau

Écrire. Il me semble que parfois j'écris mieux. La phrase aujourd'hui me préoccupe curieusement. Elle s'engage, je la suis, tout d'abord sans intention puis, sans que je sache pourquoi il se trouve que je l'écoute ; elle se fait entendre, peu à peu en se développant elle s'organise musicale, abstraite jusqu'à ce que je la perçoive tout entière dans sa polyphonie, mot à mot, lettre à lettre ; je la corrige, telle sonorité convient mieux, en s'enfouissant dans sa coloration le sens y gagne une mesure, elle le tient, le suspend, le précipite, le rythme... La lecture à haute voix est extrêmement utile à l'éducation rythmique d'une langue. La lecture à haute voix oblige la prononciation et mobilise la parole. Il faut pourtant pour la bien suivre une grande habitude de la lecture mentale, ce n'est que de cet étonnant envahissement muet que la lecture à haute voix prend sa dimension véritable. Même chose pour l'écrit, pour la prononciation muette de l'écrit. Je n'ai jamais écrit une phrase sans l'entendre, sans l'écouter. De quoi est fait ce goût de l'écrivain, d'un ensemble de sensations dont l'écoute et la vocalisation sont certainement les plus nobles, d'une noblesse qui n'en exige pas moins la précipitation de toutes les autres : la vue, le toucher, l'odorat... Tous les sens et tous les organes participent à l'écrit... tous les sens, tous les organes et plus encore... la fatigue, les courbatures. Je connais suffisamment d'écrivains pour savoir que les objets magiques qui me servent à déjouer les mini crises d'angoisse ou de découragement qui m'occupent régulièrement ne sont pas de mon seul fait. Crayons, stylos (il m'a fallu plus de quatre encres pour mener à bien l'essai sur Matisse qui ouvre L'Enseignement de la peinture), carnets, cahiers, papiers, imprimerie, caractères, format, parfum des livres, autant d'éléments concrets témoins du bonheur, des petits bonheurs et des misères de l'écrivain... Certains y ajoutent la machine à écrire (je déteste cet intermédiaire - il est en fer). Fétichisme et débilité, manies, occupent la déception de l'avant et des suites sans suite de l'écrit. L'écrit laisse démuni, il ne se tient que de quelques signes qui ne sont déjà plus ce qui les a inspirés et qui ne seront plus jamais que cette approximation... des signes qui ne survivent que du vide qu'ils font, de ce que quelque part ils tracent ce creux de la vie. Les plus grands chefs-d'œuvre de la littérature peuvent se penser ainsi, ils font du vide, du creux. Il faut imaginer l'encombrement des bibliothèques avec ces grands trous qui les occupent, Homère, Shakespeare, Dante et tous les autres... encombrement vide et plein, l'écrivain bien qu'il n'y croie pas s'accroche au dérisoire du plein. J'aime que le tableau de Motherwell occupe ici tout l'espace entre les deux bibliothèques... il manifeste quelque chose de cette semence perdue qui se mentalise et se vocalise mais jamais ne tient. Gommes, crayons, cahiers, livres, ils sont au commencement. C'est ce que je préfère de l'écrit, qu'il commence, son achèvement m'angoisse et plus encore le manuscrit et la publication du livre, ce malentendu dont j'ai toujours tant de difficultés à me débarrasser. Ce sentiment d'achèvement m'est si difficile que je dois toujours me raisonner pour ne pas laisser ces cahiers lorsque arrivent les dernières pages, tant m'occupe l'impatience d'en commencer un autre, le même pourtant mais au commencement. Ne voilà-t-il pas une belle démonstration de la mise en acte du programme de Stanze : « Si on connaît les commencements... »
L'Amour, coll. « POL », Hachette, 1982.
Texte lu par Marcelin Pleynet le 31 août 2010.


Chronique vénitienne

En août 2010, Sollers lisait un extrait de Chronique vénitienne (2010).
A écouter sur le site Pileface.

« L'exode… Immédiatement, nous quittons Paris… Sur les routes, dans une mauvaise voiture, suivant le troupeau livré à lui-même… Le ciel d'été menaçant… l'aviation allemande… Nous nous réfugions dans les champs, à la lisière d'une maigre forêt.

La sensibilité… la sensualité découverte à cent pour cent… le corps pense vite. La tête suit, comme elle peut… Le jamais-vu.

Le ciel menaçant. La campagne le long des routes. La chaleur, l'odeur de la terre, des herbes… Caché, la tête enfoncée dans l'humus… Je ne sais pas. La peur peut-être. Ils ont tous peur.
La peur accompagne pour moi ce nouveau jeu. Je traverse leur peur. J'invente. Sans le savoir j'accomplis mon propre exode. C'est un jeu… Je ne connais pas la peur.

Alors le corps meurtri est une pensée vigilante. Sa capacité de distinguer, de comparer, de créer, d'organiser et d'être organisé, est encore plus grande lorsqu'il est moins maître de lui. Je vis, depuis toujours, dans ce rapport de totale dépendance, dans cette intimité avec les éléments qui constituent le ton fondamental de mon caractère.

Dans le bruit assourdissant, dans le crépitement des mitrailleuses… Un événement : le silence se creuse… Nous courons… Je bute sur le corps d'un homme couché dans l'herbe… C'est plein de sang… » (p.15-16)


Le propre du temps

A l'occasion de la parution de son livre Le propre du temps, Marcelin Pleynet s'entretient avec Alain Veinstein (émission diffusée sur France Culture le 20 juin 1995).




Théâtre des opérations

Lecture par Marcelin Pleynet d'un extrait de son livre Le propre du temps (1995), le 14 novembre 2002 au Centre Georges-Pompidou, diffusée le 29 novembre 2002 sur France Culture.




Matisse et Picasso

Conférence prononcée le 23 octobre 1980 à la Fondation Juan March (Madrid) et reprise dans Les Modernes et la tradition (1990).



Le sujet de l'histoire : de Giotto à l'art contemporain.

Conférence prononcée à Bordeaux le 28 novembre 1985.

Première partie


Seconde partie


Vittore Carpaccio

Une vie, une œuvre : « Vittore Carpaccio », émission présentée par Simone Douek et diffusée sur France Culture le 3 juillet 2005, avec la participation de Michel Hochmann, Pierre Rosenberg, Marcelin Pleynet, Jean Roudaut, Vittorio Sgarbi.

Première partie


Seconde partie