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Saint Jean à Patmos

Blévy, dimanche 19 octobre 1997

Le ciel est couvert. Derrière les fenêtres de la bibliothèque : les peupliers dans l’air humide et frais. Une pluie fine et transparente, un léger brouillard, attendrit et avive les couleurs, le toit des granges, les grands peupliers verts et gris qui bouclent l’horizon dans le bruissement froissé des feuilles.
Sur mon bureau, venue je ne sais d’où, une carte postale : Poussin, Saint Jean à Patmos. L’horizon s’ouvre de l’intérieur. L’apôtre est assis au premier plan, seule figure humaine, la tête auréolée d’or. Deux feuilles blanches sont posées près de lui. Il écrit dos à dos avec l’aigle… et l’échelle du monde : proximité des ruines, une colonne brisée, un socle cruciforme, vide. Ouverture du panorama : au loin la ville, ses monuments, un obélisque, les temples, un bras de mer encerclé aux pieds des collines qui dessinent l’horizon… Plus loin,  la clarté du soleil levant, « le palais fastueux que les dieux ont bâti ».

L’Infini, n°61, printemps 1998.